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14 février 2006

>>> Have a Nice Trip "Petit Canaillou" !

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By Vinci

Le populaire Darry Cowl, né le 27 août 1925 à Vittel, réalisateur, scénariste, acteur, compositeur, trublion comique, comédien touchant, pianiste et poète a enfourché son Triporteur et pris la route pour une destination que lui seul connait. Il jouait, fumait, draguait et causait peu. Le petit frère des Marx Brothers est parti sans faire de bruit...

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Darry Cowl, parce qu'on anglicisait facilement les noms bien franchouillards en ces années-là... Mort d'un cancer du poumon à 80 ans. Le roseau semblait fin mais ne rompait jamais. Grand sportif, musicien accompli, sa carrière de comédien n'était peut-être pas digne de son talent...

Son défaut d'élocution (le zozotement), ses binocles, et son allure ahurie lui donneront des rôles burlesques, cocasses, dans des films bricolés, légers. Il y bégayait plus souvent qu'à son tour, usant d'un air pincé (Les tribulations d'un Chinois en Chine) ou de travestissement (Pas sur la bouche) pour réussir ses meilleures métamorphoses, et déployer ses atours et ses atouts...
De Guitry, qui lui donna son premier grand rôle (Assassins et Voleurs) à Mocky, qui lui permit de varier ses rôles au cinéma (Les saisons du plaisir surtout), Cowl l'a plutôt joué cool. On sent les productions dignes de dialogues à la Audiard, les navets populos et on se fend la gueule rien qu'à lire les titres de sa filmographie. Ses arrivées sont souvent impromptues, digressives, décalées. Il résiste à l'ordre, arrive comme un chien dans un jeu de quilles. Il aime l'art de la rupture, quelque soit le décor.

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Mais ce serait oublié qu'il a joué chez de Broca, Ferreri, Resnais, Verneuil, Sautet, Allégret, Lelouch, Devers ou Fontaine. Alors pourquoi tant de comédies futiles? Sa passion du jeu nécessitait un grand besoin d'argent, vivant à Biarritz, jouant à la pelote basque, rêvant de clamer du Shakespeare. Comme Carmet, c'était un clown triste...

Il fait de la figuration durant les premières années, des rôles de médecin ou de réceptionnistes, de voisins ou de détectives. On retient Les Duraton et surtout Le triporteur, vélocycle qui va le poursuivre jusqu'au Paradis, semble-t-il... Il a la gueule de l'emploi et regrettera longtemps ces choix alimentaires. Les années 70 le font passer à côté d'un nouveau cinéma français, après avoir raté la "nouvelle vague". On le croise chez Pascal Thomas en 1977, chez Molinaro en 1982, dans le staff de Jean Yanne (en Faucius légendaire) la même année. Il faut toute l'inventivité de Mocky pour l'enrôler dans ses trois films de 1987 à 1991, qui marquent le virage professionnel de Darry Cowl.

Les films sont un peu plus audacieux, les personnages plus touchants, il exprime enfin sa profondeur. Tandis que ses nanars deviennent cultes, les cinéastes lui offrent des personnages plus nuancés, souvent dramatiques. La consécration aura lieu avec Alain Resnais, où il incarnera une Madame Floin, épieuse curieuse concierge. "Je ne comprends pas. Je ne pense pas le mériter. Resnais est un magicien. Moi  je suis un comédien bouché. J'ai été bloqué sur scène. Je n'ai pas pu dire un seul mot du discours que j'avais préparé" avouera-t-il avec sa timidité, son sens de l'ironie et sa réelle modestie, lors de la Cérémonie des César...

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Les années 2000 seront celles de son entrée au Panthéon, de sa réhabilitation. Même la prestigieuse cinémathèque lui offre une rétrospective digne des plus grands, redorant l'image des multiples comédies à deux francs, ce qui ne fait pas cher la bonne humeur. L'ancien accompagnateur de comiques de cabaret (Devos, Lamoureux), par ailleurs pianiste brillant (pour Brel, Brassens), va donc bouffer des pissenlits par la racine, et rejopindre ses potes : Jean Lefebvre, Jean Poiret, Francis Blanche... On regrettera ses envolées qui se prenaient les mots dans le tapis, où le zézaiement tutoyait le bégaiement, et maladresse non forcée, nous faisait rire rien qu'en l'ouvrant. Il était le français d'en bas parfait. Il va les faire rire là haut. Bouffon bafouillant, mais pas seulement, dandy distant, aussi. Pierrot lunaire, entre Villeret et Richard. Un cran en dessous, mais pourquoi, comment?

Mocky ne s'en moquait pas : "Parce que c'est un petit frère des Marx Brothers, à mi-chemin de Groucho et de Harpo, et aussi parce qu'il est aujourd'hui seul dans cette catégorie d'acteurs charismatiques. C'est par ailleurs un type merveilleux, pas du tout frelaté, quelqu'un qui est vraiment digne d'estime."

L'estime, c'est ce qui restera. Le reste appartient désormais au passé...

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