>>> A Dada sur le bidet !

A Dada sur le bidet, si tu le pètes tu dois le payer... Pour un "clin d'oeil au dadaïsme", Pierre Pinoncelli (77 ans) qui avait dégradé l'urinoir de Marcel Duchamp début janvier, s'est vu condamné très récemment à trois mois d'emprisonnement avec sursis et à payer 214.000 euros au Centre-Pompidou, propriétaire de l'oeuvre.

Devant la 28e chambre du tribunal correctionnel de Paris, M. Pinoncelli était poursuivi pour s'être attaqué le 4 janvier en fin de matinée au célèbre urinoir, l'une des oeuvres emblématiques de Duchamp, avec un petit marteau, ébréchant légèrement la céramique, lors de l'exposition Dada au Centre-Pompidou. Il avait également lui-même signé l'oeuvre en écrivant "Dada".

"Pour Dadaïste qu'il soit, cet acte est pour moi avant tout un acte délictuel", a estimé la représentante du parquet lors du procès qui réunissait un large public, souriant et amusé par la démarche de ce prévenu un peu particulier.
Pull rouge vermillon et lavallière bleu, M. Pinoncelli a tenté d'expliquer qu'il n'était pas "le vulgaire casseur qu'on essaie de présenter. Un vandale ne signe pas son oeuvre, c'était un clin d'oeil au dadaïsme, j'ai voulu rendre hommage à l'esprit Dada", a expliqué le prévenu, âgé de 77 ans.

"Vous n'êtes pas sans savoir que la vie en société exige un respect des règles et notamment le respect de la propriété publique", tente d'avancer la présidente.
"Mais l'esprit Dada, c'est l'irrespect", lui répond spontanément M. Pinoncelli.

Huit versions de l'urinoir, dont le titre est en fait "Fontaine", existent actuellement sur le marché et M. Pinoncelli, déjà auteur d'une première dégradation en 1993 sur le même exemplaire que celui exposé au Centre-Pompidou, a expliqué avoir voulu lui redonner son originalité. "Le fait qu'il ait été dégradé par vous faisait que ce multiple devenait un original, je vous ai bien compris ?", demande la présidente. "Absolument", confirme M. Pinoncelli.
Mais les arguments du prévenu n'ont pas convaincu et le tribunal a rejoint la position du parquet, préférant voir dans sa démarche un acte répréhensible plutôt que de justifier celle d'un "happening" artistique.

Après seulement quelques minutes de réflexion, le tribunal l'a en effet condamné à trois mois d'emprisonnement avec sursis, assorti d'une mise à l'épreuve de deux ans.

Cela signifie que le prévenu doit payer avant l'expiration de ce délai de 24 mois les 14.000 euros de frais de restauration et les 200.000 euros liés au préjudice matériel auquel le tribunal l'a condamné. "Le jour où vous aurez compris que ce qui est à un autre n'est pas à vous, les choses iront beaucoup mieux pour vous et pour la collectivité", lui a lancé la présidente, après avoir prononcé cette peine. Selon l'avocate de la partie civile, Me Marie Delion, l'oeuvre est aujourd'hui estimée à 2,8 millions d'euros.

Rappelons qu'à l'origine Marcel Duchamp avait voulu tester l'ouverture d'esprit du comité chargé d'accrocher et de placer les oeuvres lors d'une exposition organisée en 1917. Il présenta donc sous un pseudonyme un urinoir rebaptisé "Fontaine" et signé par un certain M. Mutt puis envoya les six dollars réglementaires pour être exposé. L'objet déclencha une polémique et ne fut pas exhibé. Marcel Duchamp (qui était donc resté dans l'ombre) prit alors la défense de ce nouveau mode d'expression artistique dans la revue "The Blind Man" dont il était co-fondateur. Dans l'esprit des détracteurs de l'Urinoir-Fontaine, les deux chefs d'accusation récurrents concernaient : le caractère impudique de l'objet et l'absence d'élaboration de la part de l'artiste.

A l'issue de l'audience, M. Pinoncelli a estimé (à juste titre) "la note salée" et indiqué qu'il faisait appel. Il aurait pu ou du ajouter que cela le faisait également bien ch....