>>> Les Matton ont enfermé leurs poules !

H5N1: deux lettres et deux chiffres qui font peur ! Nul n’ignore aujourd’hui la signification de ce “code” communément appelé grippe aviaire. Depuis plusieurs mois, les informations données ici et là laissaient craindre une évolution de ce virus vers nos contrées. Depuis la fin de semaine dernière, un premier cas a été enregistré sur le territoire français avec la découverte du cadavre d’un canard sauvage, peut être le début d'un signe. Depuis, la vigilance est montée d’un cran et les Matton, éleveurs de volailles de père en fils, sont contraints de confiner poules, oies et canards dans des locaux. Et demain ?

Bref, la psychose monte et les autorités sont sur le pied de guerre. Les réunions se multiplient mais les décisions semblent bien difficiles à être prises… On attend pour voir ! Voir si le “terrible” virus continue sa progression, voir si le virus mute, voir si il est transmissible à l’homme… On parle d’épidémie, on parle de pandémie, mais finalement qui sait ? Toujours est-il que les éleveurs se plient aux obligations qui leur sont faites. C'est le cas de cet éleveur qui pour l’instant regarde ses poules dans le blanc de l'oeuf…

Les 3500 poules de l’élevage “Cocorette” d’Olivier Matton, à Conchil-le-Temple, sont privées de leurs trois hectares et demi de pâtures et de liberté. Voilà, six ans maintenant qu’Olivier a repris l’activité de son père Jacques en répondant au cahier des charges strict afin d’avoir droit au label “œuf fermier” de chez Cocorette, un oeuf pondu sur paille et cueilli à la main. Pour cela, Olivier Matton passe près de sept heures par jour à nettoyer, nourrir, surveiller, soigner les 3500 “têtes” de son cheptel à plumes. Après la ponte, les poules ont droit à leur moment de liberté dans la pâture… mais voilà depuis près d’un mois, les volailles sont confinées ! Alors il a fallu à Olivier et son père s’adapter. Ils ont suivi les conseils des techniciens et des vétérinaires qui suivent très régulièrement leur élevage, une surveillance qui n’est pas renforcée en cette période particulière.
En effet, des vermifuges, des prélèvements de fiente, de poussières de poulailler, des autopsies sont pratiqués de façon systématique et à périodes régulières. Et quand le cycle de l’élevage s’achève (tous les onze mois), Olivier Matton a un mois pour nettoyer et désinfecter l’intégralité de ses locaux…avant que de nouvelles poules arrivent…

Ainsi, chez les Matton on ne craint pas trop un risque de contamination. “Notre élevage est surveillé chaque jour. Dès que quelque chose d’anormal se passe, on réagit”, avancent-ils. Le confinement de ses poules ne chagrine pas trop Olivier Matton. “Pour le moment, ce n’est pas vraiment un problème, au contraire. Les jours sont froids et humides. Les poules ont les pieds au sec” assure-t-il. Par contre, le retour des beaux jours avec soleil préoccupe plus l’éleveur. “Les poules auront alors envie de sortir et risquent de se bousculer devant les trappes”. Alors il faudra à Olivier Matton redoubler de vigilance, diminuer l’éclairage du local afin de “calmer” les poules… Les Matton, père et fils sont plutôt fatalistes : “les mesures de précaution, c’est bien, mais comment voulez-vous que l’on maîtrise les oiseaux sauvages ?” Pour ces éleveurs professionnels, les risquent sont beaucoup plus grands chez les particuliers, qui élèvent quelques dizaines de volailles, là où souvent les poules côtoyent les canards. “Un éleveur veille à la bonne santé de son cheptel, les casiers de pont sont nettoyés quotidiennement, nos volailles sont vermifugées, il n’en est pas de même chez un particulier !” insiste Jacques Matton, qui craint que la psychose ne s’installe et doute de l’efficacité d’une vaccination.

Avec le bon sens qui caractérise les gens de la terre, Jacques Matton a sa petite idée : “Pour l’instant le confinement est obligatoire jusque fin mai, et après ? Les oiseaux migrateurs seront passés, mais vous savez comme moi qu’ils repasseront…”

Alors chez les Matton, on se fait philosophe, on se plie aux règles… mais on se veut aussi rassurant : “Notre expérience en matière d’élevage et d’alimentation acquise depuis de longues années chez Cocorette contribue à produire des œufs de qualité, ce qui est important, notamment en cette situation actuelle”.

In fine, "Mangez des oeufs ! " deviendra-t-il le slogan pour la prochaine campagne des Présidentielles de 2007 ?